En Suisse, le mot payrolling est de plus en plus utilisé pour désigner un système très proche du portage salarial. Pourtant, les deux termes ne signifient pas exactement la même chose — et surtout, ils n’ont pas le même cadre légal.
Si vous êtes consultant, freelance, ou une entreprise cherchant à collaborer avec des indépendants, il est essentiel de comprendre ce qui différencie réellement le payrolling du portage salarial, et pourquoi ce sujet est parfois… un peu sensible en Suisse.
Pourquoi parle-t-on de “payrolling” plutôt que de “portage salarial” ?
En Suisse, le mot portage salarial n’a aucune existence légale officielle. Le modèle existe, mais la législation le classe sous la Loi sur le service de location de personnel (LSE).
C’est pour cela que le terme utilisé est payrolling — il décrit le même mécanisme, sans évoquer le concept français du portage.
Les autorités suisses considèrent parfois le “portage salarial” comme un risque de salariat déguisé, car une société ne peut pas “prêter” du personnel sans autorisation SECO.
En revanche, le payrolling est reconnu et encadré comme une mise à disposition de personnel autorisée.
Le portage salarial : un modèle d’origine française
Le portage salarial est né en France dans les années 1990 pour répondre à une problématique simple :
permettre à des indépendants d’exercer librement leur activité tout en bénéficiant de la protection du salariat.
Le système repose sur une relation tripartite :
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Le consultant trouve et réalise ses missions,
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La société de portage signe le contrat avec le client, facture la prestation et gère la paie,
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L’entreprise cliente paie la facture et reçoit la prestation.
Le consultant bénéficie d’un contrat de travail, de cotisations sociales, d’une fiche de paie et de la sécurité du salariat — tout en conservant sa liberté de choix des missions.
Depuis 2017, le portage salarial est officiellement reconnu dans le Code du travail français, avec un cadre légal strict et des syndicats représentatifs.
Le payrolling en Suisse : même logique, autre cadre
En Suisse, le payrolling repose sur le même principe fonctionnel :
le consultant réalise une mission, la société de payrolling facture le client, encaisse le montant, gère les cotisations et verse un salaire au consultant.
La grande différence : ce système relève de la LSE (Loi sur la location de services) et non d’un cadre spécifique au portage.
Les sociétés qui pratiquent le payrolling doivent donc :
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Être autorisées par le SECO (Secrétariat d’État à l’économie) ou par un canton,
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Respecter les obligations légales liées à la mise à disposition de personnel,
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Garantir la sécurité du salarié et la conformité des cotisations sociales.
Payrolling vs Portage salarial
| Critère | Payrolling (Suisse) | Portage salarial (France) |
|---|---|---|
| Cadre légal | Loi sur la location de services (LSE) | Code du travail |
| Autorité de régulation | SECO / Canton | Ministère du Travail |
| Statut du consultant | Salarié de la société de payrolling | Salarié porté |
| Missions concernées | Consulting, IT, ingénierie, management | Consulting, formation, expertise |
| Obligations sociales | AVS, LPP, LAA, chômage | Sécurité sociale, retraite, chômage |
| Reconnaissance officielle | Oui, via autorisation SECO | Oui, statut défini par la loi |
| Terme “portage salarial” utilisé ? | Non (considéré comme inadapté) |
Oui (statut légal officiel)
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Les différences légales à connaître
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En France, le portage salarial est une catégorie à part entière du droit du travail.
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En Suisse, il est assimilé à une mise à disposition temporaire de personnel, donc soumis à la LSE.
Cela signifie que :
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Toute société qui “emploie” un consultant pour le mettre à disposition d’un client doit détenir une autorisation SECO.
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Sans cette autorisation, la société est en infraction et le consultant risque de ne pas être correctement couvert (accidents, chômage, etc.).
En pratique : quand une entreprise vous “porte” en Suisse, elle ne vous “porte” pas au sens français du terme. Elle vous “emploie” sous un contrat conforme à la LSE et vous délègue sur mission.
Pour qui le Payrolling est-il fait ?
Le payrolling s’adresse à :
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Des consultants ou freelances qui travaillent pour des clients en Suisse,
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Des entreprises étrangères qui veulent salarier un collaborateur localement sans créer de structure,
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Des frontaliers souhaitant bénéficier de la sécurité sociale suisse,
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Des cadres en mission, formateurs, experts IT, ingénieurs, etc.
C’est une solution flexible et sécurisée pour exercer une activité indépendante sans créer de société ni gérer d’administration.
Avantages du Payrolling pour les consultants
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Contrat de travail suisse (CDI ou CDD selon la mission)
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Cotisations sociales automatiques (AVS, LPP, LAA, chômage)
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Assurance accident et prévoyance incluses
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Aucune gestion administrative : la société s’occupe de tout
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Accès au chômage en cas de fin de mission
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Salaire régulier et fiches de paie suisses
💡 En clair, le payrolling combine le confort du salariat suisse et la flexibilité du travail indépendant.
Pour les entreprises : un outil de flexibilité légale
Le payrolling est aussi un outil RH puissant pour les entreprises :
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Il permet de collaborer avec des experts externes sans embauche directe.
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Il évite la création d’une filiale ou d’un contrat international complexe.
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Il garantit la conformité légale suisse (autorisation SECO, cotisations, assurances).
C’est une solution idéale pour tester une collaboration avant une embauche, ou pour faire intervenir un consultant sur une mission ponctuelle.
En résumé : deux mots, un même principe
Le payrolling suisse et le portage salarial français décrivent une réalité très proche :
permettre à un professionnel d’exercer son activité librement tout en étant salarié d’une société qui gère sa paie et ses obligations sociales.
La différence principale réside dans :
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le vocabulaire utilisé,
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et le cadre légal dans lequel s’inscrit l’activité.
En conclusion
Le mot “portage salarial” parle davantage aux consultants francophones,
mais le seul terme reconnu légalement en Suisse est payrolling.
C’est pourquoi nous parlons des deux — pour permettre à chacun de comprendre le modèle, quel que soit son parcours ou son pays d’origine.
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